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J’ai rencontré un homme généreux…

Posté le 15 février 2017 à 18h 30 dans Une Histoire du Canal du Midi par

Il est des histoires dans la vie de tous les jours qui vous animent d’une grande générosité ; c’est ainsi que François m’est apparu tout au long de notre présence à l’écluse de VIC, une personne d’un grand cœur, d’une sensibilité sans égale, selon moi, et d’un courage qui lui ressemblait bien.

C’était après cette sale guerre de 1939-45, je me retrouvais « pensionnaire » à l’écluse de VIC dont ma mère devenait l’éclusière, et le sera pendant dix-neuf ans en compagnie de mon frère, de moi-même, devenus orphelins de guerre, et de tonton François que ma mère avait épousé trois ans après être devenue veuve de guerre. Alors commença cette vie commune autour de l’écluse de VIC et du canal du Midi, puisque tonton était embauché en tant qu’employé des services des Canaux du Midi, chargé de l’entretien, cantonnier sur les rives de ce canal donc.

C’est moi, André ! Il semblerait que j’étais heureux de porter ce tablier d’écolier, que nous gardions parfois tous, même après l’école.

Le travail ne manquait pas à cette époque, et mon beau-père, surtout lorsque les jours sont plus longs, à la belle période, ne rechignait pas, après sa journée de cantonnier, à aider ma mère dès qu’une éclusée était à faire, à s’occuper de notre jardin, lequel sera multiplié par trois grâce à ce courageux de tonton sans lequel nous, enfants, n’aurions pas été l’objet d’attentions de toutes sortes, ma mère ayant la charge de s’occuper des passages des barques, un travail assez pénible pour une femme (je rappelle qu’à cette époque les manœuvres étaient, du début jusqu’à la fin, manuelles), et de nous deux quand son travail fini le lui permettait.

Une journée de travail de François mon tonton, c’était de partir tôt le matin rejoindre à vélo une équipe de cantonniers, par exemple, se trouvant au Port Saint-Sauveur à Toulouse distant d’une dizaine de kilomètres, versant aval du canal, ou bien en prenant le véhicule des Canaux du Midi avec, là-aussi, une équipe, pour la journée, qui était chargée, avec des agents « acrobates » de l’élagage des platanes ; la veille, ma mère lui avait préparé le panier (mon beau-père était un homme costaud, dur au labeur, donc il fallait un panier consistant pour le midi).

La journée plus commune se passait dans les limites d’un secteur désigné, soit dans le bief de VIC à l’écluse de Castanet, 1 kilomètre 700. Il devait manier la faux pour couper les herbes envahissantes, carrément dans l’eau du canal en s’aidant d’une petite embarcation appelée « sapinette » et avec laquelle nous, enfants, nous jouions parfois le dimanche, bien que ce soit défendu et surtout dangereux ; j’en profite pour dire que, souvent, les cantonniers épargnaient les iris jaunes qui fleurissent le long du canal.

Si le temps était mauvais, les cantonniers venaient s’abriter dans l’ancienne écurie que l’on trouve à chaque écluse, en attendant la fin de la pluie ; ils en profitaient pour affûter leur faux. Moi, j’aimais bien y aller pour me retrouver parmi eux, au moment des vacances scolaires, les jours où ils mangeaient à l’abri : ils m’avaient appelé « le pharmacien » à cause du tablier gris d’écolier que je portais.

Lors des congés de tonton (c’était comme cela que mon frère et moi l’appelions, était-ce une pratique dans la région, je ne sais pas !), ceux-ci avaient, d’avance, leurs occupations car les fermiers des alentours le demandaient soit pour les moissons, soit pour les vendanges et d’autres choses (il était très sollicité, mais il assurait sans fatigue apparente). Chez nos cousins dans l’Aude, il y allait pour une bonne semaine, la propriété, assez étendue pour cette région, avait de quoi l’occuper : il ne s’en plaignait pas (je ne l’ai jamais vu se plaindre, d’ailleurs). Tout ceci nous apportait du beurre dans les épinards, dirait-on aujourd’hui, il fallait bien se débrouiller.

François, à la retraite, prenait une « bonne suée », après une matinée passée chez lui, dans le jardin

Enfin, son dada c’était le jardin, les jardins dois-je dire, puisqu’il les avait « fabriqués » au fil des ans, et l’été après le repas du soir il s’en occupait sous toutes les formes : binages, tailles de quelques arbres fruitiers, arrosages au moyen d’une pompe à bras que j’actionnais de temps en temps pour prendre l’eau du canal, bien sûr, les semis étant assurés par ma mère dès qu’elle avait fini à l’intérieur de la maison et qu’elle nous avait préparés avant d’aller au lit un peu plus tard.

Il y avait, chez cet homme, plutôt chez tonton, mais oui, une tendresse vis-à-vis de mon frère et moi, d’attentions, et il nous éduquait comme notre père, nous apprenait à jouer aux cartes, à pêcher, évidemment, le canal à portée de main, à ranger le bois qu’il préparait pour l’hiver, ce bois venant principalement des chênes qu’il y avait aussi le long du canal et qu’il avait transformés en bûches, il nous montrait plein de choses que sûrement tout père devait faire, et malgré ses grandes mains plutôt rugueuses, son regard doux effaçait tout ça ; il nous avait montré comment il fallait se servir des vannes à crémaillère pour emplir ou vider le bassin de l’écluse et malgré les bêtises que nous pouvions faire, rares sont les réprimandes, encore moins les punitions, qu’il nous adressait, ma mère s’en chargeait !

Et puis voilà qu’un beau jour, il devint père d’Odette, qui deviendra donc notre sœur, sa fille à qui je ne l’ai jamais vu lui adresser quelque remontrance que ce soit, c’était François, notre tonton.

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Edit de Jean-François le 16/02/2017 à 21h 30
Pour récapituler, pensez à voir Tous les Articles d’André
et, sur le site lui-même, la page consacrée à l’écluse de Vic
N’oubliez pas non plus que vous disposez d’un plan du blog et d’un plan du site
Commentaires fermés

40 commentaires pour  « J’ai rencontré un homme généreux… »

  1. Encore un très beau et très émouvant témoignage de notre ami André ! Tout commentaire de ma part me semblerait futile, je laisse donc à tous le soin d’apprécier. Pour moi, ça ne se commente pas, ça se lit et on éprouve ou non quelque chose ! Merci André ! 😉

    • Etienne Miollan dit :

      Bonjour, je ne sais dans quelle rubrique écrire. Je recherche un décor sur les berges du canal du midi pour le tournage d un long métrage époque 1900. Dans le scénario , une péniche est amarrée au canal en pleine nature bordée de plantes de part et d autre. Il peut y voir une courbe dans la perspective ou un élargissement éventuel du canal à cet endroit. En tout cas il ne faut pas qu il y ait de bâtiments autour. Merci par avance !

      • Bonjour,
        Voilà 4 ou 5 ans, une réponse aurait été très facile : un peu partout ! Mais aujourd’hui, il faut tenir compte de l’abattage des platanes malades. Donc en l’état actuel, je ne saurais répondre précisément ! Néanmoins, à ma connaissance, tous les platanes n’ont pas encore été abattus sur le grand bief, entre les écluses d’Argens et Fonserannes, et il y a de nombreuses courbes. Vous avez également le tronçon Seuil de Naurouze – écluse d’AyguesVives où la maladie est arrivée plus récemment. Non loin de l’écluse d’AyguesVives, en amont, il existe un viradou (élargissement du canal pour permettre aux péniches de faire demi-tour). Si un riverain du canal lit ce message, il pourrait peut-être nous donner des indications à proximité de chez lui ?

  2. C’est vrai que ce tablier d’écolier, que j’ai porté aussi, me rappelle que nous étions tous des élèves de la République, et c’était une manière de nous rappeler que nous étions tous égaux devant l’éducation !

    • André dit :

      Merci de ta visite et de ton commentaire Jean-François ; à cette époque ça pouvait effectivement signifier que nous étions tous les enfants de la République, c’était naturel sans que nous n’y prêtions de l’importance alors qu’aujourd’hui ça ferait du bien quelque part dans l’esprit de beaucoup de gens et de leurs enfants.

  3. LaureLala dit :

    Un jour, j’irai à l’écluse de Vic. Au loin, j’y verrai votre « Tonton » François avec sa faux, j’y verrai votre mère s’affairant au passage des barques. Je vous y verrai, vous et votre frère, les « pharmaciens » en herbe, intrépides et fougueux…

    Merci André de nous avoir fait partager cette belle tranche de vie ! On m’a dit que le Canal du Midi était intemporel… Votre témoignage y contribue…

    • André dit :

      Quelle belle appréciation je découvre-là, je suis estomaqué par tant de chaleur que provoque mon article, LaureLala, car vous voyez déjà le scénario de ce film que vous êtes entrain de tourner dans votre esprit ,c’est à peu près ça ,n’est-ce pas ? En tout cas je veux bien jouer dans ce remake : je connais parfaitement les lieux,c’est un avantage certain ! Merci encore .

      • Nicolas dit :

        Effectivement, ton émouvant récit pourrait servir de scénario pour un film avec toi sans une des rôles, mais celui du tonton.

        La blouse avait une signification ? mais aujourd’hui, que pèserait t’elle face au valeurs illusoires qui nous sont matraquées tous les jours par la bien-pensance de la société de consommation (avec le concept des vêtements de marques, par exemple) qui régit les rapports entre les gens, les jeunes en particulier, au sein même de l’école, dès le plus jeune âge, et qui met en marge celles et ceux qui ne « rentrent pas dans le moule » !!!???

        • André dit :

          Tu dois te douter que j’apprécie ce genre de réponse à cet article, toi le baroudeur de ce canal du Midi, en ce sens que c’est une autre façon, une autre éducation qu’ont pu nous donner et les instituteurs et nos parents à une période où la vie était difficile, certes, mais tout le monde savait l’aborder simplement, sans chichi, inconsciemment peut-être, cette éducation transmise de génération en génération, sans les m’as-tu-vu, alors qu’est apparu ce besoin de jouer les fiers-à-bras, les enfants profitant d’un laisser-aller de leurs instructeurs. Certes, il y a tout-de-même la majorité qui est là, qui n’obéit ni aux matraquages, ni à ces esbroufes inutiles,et ça n’empêche pas de vivre heureux, différent de l’autre cela va sans dire.

        • C’est fou ce que j’apprécie la réponse d’André ! Je n’ai rien à ajouter à ce sujet ! Sinon que je ne vais surtout pas dire qu’autrefois, c’était mieux ! Non, autrefois, c’était tout simplement autrement !

      • LaureLala dit :

        Oui c’est tout à fait ça… et j’attends avec impatience la suite du scénario… 🙂 Vous avez sûrement plein d’autres souvenirs à nous dévoiler. Au plaisir de vous lire.

        • André dit :

          Oh, mais c’est que je ne suis pas encore prêt, non c’est pour rire, donc il va me falloir me retourner pour voir ou revoir ce que j’ai dans mes souvenirs de mes jeunes années, et il y en a beaucoup, ce qui signifie que j’ai de la bouteille; c’est avec un plaisir non dissimulé que j’écrirai encore de belles choses à condition d’être patient(e)mais vous l’êtes, non !

  4. Élisabeth dit :

    Votre témoignage André fait vivre le canal et renaître la manière simple avec laquelle beaucoup de gens ont vécu avant nous. Continuez s’il vous plaît à décrire vos souvenirs dans tous leurs aspects, ça rechauffe le coeur. Bravo!

    • André dit :

      Que des compliments, je les accepte volontiers, et je pense qu’ils sont sincères, sinon à quoi bon ici de bluffer puisque nous sommes là pour évoquer la vie passée ou présente autour de ce bel œuvre que Pierre-Paul Riquet nous a laissé. Et donc, bien sûr, j’en ai profité avec une grande reconnaissance, aujourd’hui, qui me permet de m’exprimer pour les amoureux comme vous de ce canal. A bientôt si je peux réchauffer encore, le cœur de mes lecteurs !

  5. Didier dit :

    Je suis né en 1963 à l’écluse de Puicheric où ma mère m’a mis au monde. Votre récit fait remonter tous mes souvenirs d’enfance passés à l’écluse. Ma mère était éclusière et à laissé la place à mon père qui était sur le cantonnement après ma naissance. Le parcours de mes parents ressemble à votre récit.
    Le canal du midi que de bons souvenirs !!!

    • Bonsoir Didier, André vous répondra certainement, je le connais bien ! Il est peut être un peu trop assailli par toutes ces réponses positives ! Je connais bien cette écluse, mais je m’aperçois que sur le site, la page est un peu trop vide ! Belle écluse de Puichéric peut-être pourriez vous m’aider à la compléter ?! Non pas avec des photos actuelles que je suis capable de produire, mais avec de beaux souvenirs ! Pardon, je ne veux pas exclure non plus les photos, qui, si elles sont un peu anciennes, sont bien plus émouvantes que les actuelles. Contactez moi quand vous le voulez, vous serez toujours le bienvenu. 😉
      Jean-François

      • André dit :

        C’est à mon tour de vous répondre, après Jean-François qui vous a préparé pour la suite ; donc me voilà en présence de vous Didier qui avez, comme moi, vécu tout près du canal, avec aussi des souvenirs qui remontent à la surface sans difficulté si vous ressentez ça comme moi. Vous pourrez nous dire s’il y a eu, selon vous des choses nouvelles vingt ans après ma présence sur le canal
        moi l’ayant quitté en 1959, vous preniez donc le relais quatre ans plus tard: nous vous attendons bientôt pour nous raconter votre  » aventure  » !

        • Doucement mon ami André, Didier fera comme il le sent ! et s’il ne vient pas ici écrire ses beaux souvenirs, c’est son problème, car il a bien le droit de le faire comme de ne pas le faire ! Ce que je veux dire, c’est qu’ici, s’exprime qui veut, et comme il le souhaite ! Je souhaite seulement que Didier continue à venir ici, en attendant mieux, s’il le veut bien !

    • Bonjour Didier,
      Quoi qu’il en soit, merci à vous d’avoir contribué sur ce blog, mais voyez vous, tout cela a tout de même suscité un ou deux commentaires (mais que dis-je, bien plus!), certes tous très positifs, et c’est heureux… Sachez que si vous le souhaitez, vous serez le bienvenu ici…

      • Didier dit :

        Bonsoir Jean-François
        C’est très gentil de votre part,mais je voulais vous dire que je suis parti de l’écluse j’avais 18 ans quand mon père a pris sa retraite et que depuis l’écluse n’est plus ce qu’elle était avant…
        C’était une des plus belles écluse fleurie.
        Mais malheureusement dans le déménagement nous avons perdues des photos…les seules sont dans ma mémoire.

  6. Nicolas dit :

    J’ai pris des photos de cette écluse lors de ma ballade à vélo en 2012. Je vous invite à la découvrir ici : L’écluse de Puichéric

    Une petite épicerie-magasin-souvenirs jouxte le bâtiment éclusier, complété par quelques tables et chaises sortis à la belle saison. J’ai eu tellement soif ce jour là, que j’ai « descendu » pratiquement d’une seule traite une bouteille de jus d’orange, assis sous l’ombre d’un arbre.

    C’est ici que commence véritablement le climat méditerranéen sur le parcours du canal.

  7. Nicolas dit :

    Je retournerai séjourner sur les bords du canal la semaine 34 et/ou 35 pour y peindre des aquarelles et prendre de nouvelles photos. En mémoire des témoignages d’André et de Didier, je marquerai un arrêt aux écluses de Vic et de Puichéric distantes l’une de l’autre de plus d’une centaine de km.

  8. Alain MARC dit :

    Très beau texte, des souvenirs vrais qui nous touchent tout à fait ! Enfants, en ce qui me concerne, nous étions de « l’autre côté », dans le Tarn, le département qui « fournissait l’eau » comme disait mon père. Aussi, le canal était d’autant plus important : il nous arrivait de nous y arrêter sur les berges pour voir passer les péniches (oui, tout petit, je me souviens… lorsque nous « allions à la mer »), et les écluses nous fascinaient. Nous regardions travailler les éclusiers… C’était l’occasion pour mon père de nous parler de l’œuvre magnifique de Riquet. Alors, imaginez combien votre article évoque de choses superbes, et combien j’ai plaisir à revenir régulièrement sur ce blog, même si je laisse rarement un commentaire, mais là, je ne pouvais passer sans laisser un petit signe de reconnaissance et d’amitié !

    • André dit :

      C’est exaltant de savoir que nous sommes lus et que des personnes comme vous ont un regard d’enfant que vous aviez déjà quelques dizaines d’années plutôt en présence de votre père qui vous expliquait la prouesse de ce bonhomme qu’était Pierre Paul Riquet.
      Alors, comment ne pas esquisser pour ma part ,un peu de fierté quand les gens commentent comme vous ce soir mon article et que par ce biais-là, je vous ai transporté dans votre enfance,et reviennent les souvenirs comme ce qui se passe aussi pour moi dans ce récit. J’ai fait également ce parcours pour « aller à la mer », comme l’on disait,nous les gens de la campagne ( l’écluse de VIC se situe à une dizaine de kilomètres de Toulouse ). Enfin, ne vous privez pas de nous » rencontrer  » sur ce blog, nous sommes ravis quand vous venez nous encourager.

      • C’est fou ce que tu écris bien, mon cher ami André, mais ça, tu le savais, je te l’avais déjà dit !
        J’irai même jusqu’à faire référence à notre belle langue Française !

    • Salut mon ami Alain, je ne t’oublie pas ! Et j’espère qu’un jour, je saurais réaliser des aquarelles dignes de toi, mon cher maître ! Oui, je le dis simplement, et crois moi, je t’aime beaucoup, en tant qu’être humain d’abord, et en tant qu’artiste, car tu es un véritable artiste, mon ami !

  9. Mon ami André, j’espère que tu vas continuer à nous produire des commentaires pas possibles, comme celui-là ! Car vois tu, ça nous procure une très grande fraicheur !
    Je suis fondamentalement ravi que tu écrives sur ce blog que tu contribues à rendre super ! C’est surtout, parce que toi, comme d’autres, osent y participer qu’il devient ce qu’il est et pour ça, je te remercie !

    • André dit :

      Je ne sais pas si je dois te dire merci ou non, tu vois tu me mets dans l’embarras car il y en a qui écrivent beaucoup mieux que moi, les Hugo, les Verlaine,etc. mais comme ils ne sont plus là il y a un certain Jean-François qui nous pousse à faire le meilleur de nous-même et c’est là que, moi, un petit peu trouillard, je me transforme : c’était pareil au collège, la peur de mal faire, de décevoir mon entourage, et l’appétit venant en mangeant, voilà ce qui arrive, c’est tout !

      • Là, sur ce coup, tu deviens de plus en plus sublime, Ne te préoccupes pas des Hugo et des Verlaine qui sont reconnus comme des vrais génies pour toujours, mais c’est sur, je n’ai jamais douté de toi, jamais… Je ne sais que te répondre, sinon que tu sais très bien écrire… Beaucoup de pages, en définitive, confirmeraient ce que tu viens de dire, peut être avec moins de style ! Mais ces pages, je les écrirai peut-être un jour, qui sait ? juste avec le style que j’aurais…
        Quoi qu’il en soit, merci mon ami d’être venu ici et de participer ! Crois moi, tu écris très bien ! ça me rappelle nos écoles de la République ! et tu es un digne fils de ces écoles !

  10. claire dit :

    En te lisant, il me revient en mémoire que dans les années 90, des médecins ont découvert ce qu’ils ont appelé le « French paradox », c’est-à-dire que la population du Sud-Ouest de la France était étonnamment peu touchée par les maladies cardio-vasculaires, malgré un taux plutôt élevé de cholestérol. On a évoqué le rôle du vin rouge, du bien-vivre, etc. Certes, mais quand je te lis, je crois que ces chercheurs sont passés à côté du rôle essentiel de tous les Tontons, Tatas, pères, mères courage qui bêchaient leur potager le soir après leur travail. Ils ont permis, peut-être sans le savoir, aux enfants d’après-guerre de manger beaucoup des fruits et légumes sains et variés de la région, malgré le manque de ressources, et d’avoir finalement un vrai « régime santé », comme on dirait aujourd’hui. Cela s’appelait juste « la débrouille » en ce temps-là. C’est peut-être un secret de la longévité des séniors actuels du Midi ?

  11. André dit :

    Je reconnais, que gosse, je n’étais pas un grand amateur de viande rouge, loin s’en faut, le seul à la maison, d’ailleurs ; mais en réalité nous n’avions pas les moyens d’en acheter, sauf quelques fois le dimanche. Notre médecin avait dit un jour à ma mère, puisque j’étais « un enfant délicat » que je m’en étais sorti en buvant du lait et toutes les sortes de laitages qu’elle nous faisait. Ce lait provenait d’une ferme à deux cents mètres environ de l’écluse ; souvent , c’était moi qui allait le chercher le soir au moment de la traite, et il arrivait que les fermiers m’offraient un bol de lait tout frais tiré de la vache : je me régalais avant de repartir avec le bidon de ce lait si nourrissant et si crémeux . Pour ce qui est des fruits et légumes, c’était simple chez nous, nous mangions tout ce qui poussait au jardin : cerises, fraises, poires, pommes, un peu de raisins, les légumes que l’on cultivait, que cultivaient plutôt tonton François, surtout lui, avec maman qui élevait des canards, des poules, des pigeons, des lapins, tandis que mon tonton avait la responsabilité de nourrir un porc, pour le reste on ne connaissait qu’un petit peu les extra , si je peux dire . Nous n’en souffrions pas de ces manques et nous n’étions pas les seuls à jardiner pour la bonne cause, alors qu’aujourd’hui c’est plutôt un loisir, par plaisir ; nous faisions très attention à ne pas gaspiller quoique ce soit, mais ceci est une autre histoire. Enfin, ici, c’était la campagne, nous avions de la chance pour ça, car les toulousains, par exemple, n’étaient pas bien lotis à cette époque et nos cousins avec leurs parents venaient nous voir de temps en temps le dimanche, par affection bien sûr, et le soir, repartaient avec un peu de légumes, un peu de fruits, un poulet, de la cochonnaille si c’était la période, sans oublier le bon air du canal du Midi !

  12. MIQUEL dit :

    Bonjour,
    J’ai surement croisé André, François et Didier…
    Tout simplement parce que je suis né dans un bateau en bois, l’ARC-EN-CIEL. Donc vous comprendrez que les manivelles des écluses d’Arles à Castets, j’en ai tournées quelques unes!
    J’apprécie le travail des historiens qui étudient les archives de la période Riquet-Vauban, mais je trouve qu’il est urgent de faire parler les personnes qui ont connue la vie active du canal.
    Merci à André pour son travail de mémoire.
    Et si vous voulez savoir à quoi ressemblait la vie des barquiers vous pouvez lire les 2 cahiers du Musée National de la Batellerie qui racontent la vie….de mon père (titre Les Barquiers du Midi n°69 et 70).
    Louis

    • Bonjour Louis,
      Je vous remercie pour votre contribution. A toutes fins utiles, sachez que je suis membre de l’association du musées de la batellerie. Bien entendu, je dispose dans ma bibliothèque de nombreux cahiers édités par cette association, et bien évidemment les numéros 69 et 70, très intéressants et que je recommande aussi. Je les évoquerai un de ces jours…
      Jean-François

    • André dit :

      Je suis agréablement surpris de rencontrer, aussi bien sûr,Louis qui a pu me voir dans ces années 50 / 60 à l’écluse de VIC, et comme vous précisez le nom du bateau ARC EN CIEL , barque en bois, aucun souci pour moi, je l’ai connu quand ma mère était l’éclusière et que je l’aidais de temps en temps, et même quand je voyais les péniches passer à VIC soit vers Toulouse, soit vers Sète, par exemple, je me souviens de tout cela.
      Certaines fois, il arrivait que les barques, à vide, restaient coincées sous le pont, juste après l’écluse, avant de continuer vers l’écluse de Castanet ( en aval )car le niveau d’eau était anormalement élevé ; et si vous vous rappelez , Louis, il fallait que vous démontiez en partie le haut de la cabine pour pouvoir sortir de ce piège. Encore un fois je suis ravi de retrouver un témoin de mon enfance ( de notre enfance
      en réalité, n’est-ce pas Louis ? )

      Nous aurons sûrement une autre occasion de se retrouver soit par le biais du thème de la batellerie, soit par ce site du Canal du Midi.

  13. Nicole dit :

    De très beaux témoignages d’ « acteurs » du Canal du Midi, encore vivants de nos jour, du temps ou il existait une activité de transport des marchandises. Vous m’avez charmée.

    • André dit :

      Nicole, je me suis aperçu que je n’avais pas répondu à votre petit mot, mais combien important( il n’y a pas de « petit  » mot ) cette appréciation venant m’encourager à continuer et puis si mon témoignage vous a charmée alors c’est touchant, ça veut dire que Jean-François, Nicolas et moi-même, écrivons sur des thèmes intéressants et qui captivent nos chers lecteurs dont le sujet primordial demeure le Canal du Midi avec son maître-d’oeuvre Pierre-Paul Riquet.

  14. Patricia dit :

    Intéressant témoignage que celui d’André. Une époque malheureusement révolue ou il existait une certaine convivialité.

    • André dit :

      Je vous remercie Patricia de donner votre sentiment sur cette époque que vous revoyez avec nostalgie selon moi ; cette convivialité ne serait plus d’actualité d’après vous, gageons que quelque part elle existe, à nous qui l’avons connue, d’acquiescer les moments rares où elle est présente

  15. Cyrielle A dit :

    Je suis complètement charmée par ce que je viens de lire. Un témoignage de la vie des acteurs économiques du Canal. Quand je vois que certaines écluses sont automatisées … Je me dis que peut-être un jour, elles ne serviront plus, tout simplement par ce qu’il n’y aura plus personne pour pouvoir s’offrir financièrement le loisir de naviguer, puisqu’il n’y aura plus de travail. Et puis, que signifie franchir une écluse automatisée !!!??? Rien, puisqu’il n’y aura plus de convivialité.

    • André dit :

      Bonsoir Cyrielle A, en supposant que votre prénom est Cyrielle.
      Je suis ravi de vous rencontrer ici, au bord du canal du Midi que vous connaissez donc.
      Et alors vous voyez disparaître les écluses, les vraies, avec les manivelles que l’on
      faisait tourner, les échanges qu’il y avait pendant que l’éclusée était en cours, tout
      cela pourrait bien être classé dans les archives, c’est ce que je retiens de votre vision
      du devenir de ce canal du Midi.
      Laissez- moi le temps de revoir encore  » mon  » écluse de Vic, comme Claude Nougaro dans
       » Toulouse et sa pincée de tuiles  » . Revoir surtout une écluse vivante, notamment lors
      du pèlerinage d’un groupe de Toulousains à bord d’une péniche en bois, dans les années 50,
      une fois par an, qui se rendait à Notre Dame de Roqueville, au-dessus de Montgiscard. Ah,
      mais avec le passage des autres barques et leurs bateliers, les bons moments existaient
      aussi,avec des mots toujours aimables entre nous de sorte qu’à leur prochain passage nous
      finissions la blague commencée à l’aller. Ceci pour dire que la convivialité était de mise,
      et vous avez bien raison de le souligner.
      C’était une autre époque, le progrès doit faire sa place selon moi, mais dans les lieux où

      il y a un patrimoine recherché pour son environnement, ses attraits touristiques, son
      cadre naturel que nous a laissé Pierre-Paul Riquet, l’on voudrait qu’il continue d’exister
      Rêvons avec vous, croisons les doigts, si vous êtes riveraine du canal du Midi et même si
      vous ne l’êtes pas, qu’il nous donne toujours autant de saveur, de sérénité pour les uns ,
      d’animations pour les autres.

 

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