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Après quelques semaines pendant lesquelles j’ai pu voir ou revoir les textes accompagnés de photos sur ce blog du Canal du Midi, j’avais envie de m’exprimer et Jean-François m’en a offert l’opportunité, je l’en remercie.
Rappelons que j’ai longtemps vécu près de l’écluse de VIC.
Je voulais raconter quelques anecdotes sur le Canal du Midi que j’ai vécues, comme d’autres… alors voici la première :
Les écluses, lorsque j’étais à VIC, de 1941 à 1959, correspondaient entre elles par une ligne téléphonique propre aux écluses ; on utilisait le code MORSE pour cela.
Exemple : si une péniche se trouvait à l’écluse de MONTGISCARD, en direction de TOULOUSE, l’éclusier de Montgiscard nous appelait par 3 coups brefs (points) et 1 coup long (trait), qui correspond à la lettre V pour VIC. Il nous annonçait le passage prochain de la péniche chez nous à l’écluse de VIC (environ 1h20 pour 7496m), ce qui nous permettait de préparer l’écluse en fonction de ce temps. Ensuite, nous faisions de même vers l’écluse de CASTANET, lorsque la péniche était en partance vers cette écluse. On appelait avec un coup long (trait), un coup court (point), un coup long (trait), un coup court (point), qui correspond à la lettre C pour Castanet.
L’écluse de Castanet était autrefois une écluse double. Elle a été modifiée pour l’accès au gabarit Freycinet, mais les ellipses des anciens bassins subsistent
La liaison qui correspondait à l’écluse de VIC s’étendait de l’écluse de BAYARD à Toulouse (1 coup long et 3 coups brefs pour la lettre B) jusqu’à GARDOUCH (2 coups longs et 1 coup bref pour la lettre G). Il s’agit donc du code MORSE, mais cette ligne téléphonique ne nous permettait pas d’appeler à l’extérieur (uniquement entre écluses).
C’était intéressant, mais les jours d’orages violents la foudre faisait d’énormes étincelles, des flammes quelquefois sortaient du combiné, ça donnait la frousse lorsqu’on voyait ce feu sortir au niveau des fils à l’intérieur de la maison de l’écluse.
Ce n’est peut-être pas très important pour l’histoire du Canal du Midi, mais je me suis permis de développer ces souvenirs de mon enfance. J’espère que les lecteurs de ce blog seront satisfaits de ma prestation.
PS : ai-je eu une vie heureuse à ce moment-là ? Difficile à dire car si j’étais à l’écluse de VIC, c’est parce que ma mère en était l’éclusière, poste réservé aux veuves de guerre (mon père est mort au combat tout au début de cette sale guerre) et donc la vie recommençait pour ma mère, mon frère âgé de 18 mois et moi de 3 mois. Des jours meilleurs viendront par la suite. A bientôt pour de nouvelles anecdotes sur le Canal du Midi.
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Edit de Jean-François le 21 Avril 2017
Aucun article n’est terminé avant que de nombreux commentaires l’aient complété. J’ai le plaisir d’ajouter cette image qui m’a été confiée par Lougabier à qui je laisse le soin du commentaire que vous trouverez plus bas. Je le remercie pour sa contribution. Il s’agit simplement d’un téléphone qui était utilisé pour la communication entre éclusiers.
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Note de Jean-François
Suite à une manœuvre malheureuse, Cet article s’était évaporé ainsi que les commentaires qui allaient avec… L’article a été reconstitué, mais les commentaires antérieurs au 1er juin 2016 n’ont pu être restaurés.
C’est fou. Combien de temps fallait-il pour préparer une écluse ?
Merci pour ces précieuses précisions !!!
Du bateau Arc-en-ciel puis Concorde.
Les communications entre éclusiers étaient pour nous importantes.
D’abord parce que l’éclusier(e) était informé de notre arrivée et « nous préparait le bassin ». Quand nous arrivions, sauf si le sas était occupé par un autre bateau, on rentrait directement dans l’écluse alors que si elle n’avait pas été préparée, c’était un quart d’heure perdu. Comme on passait, en moyenne une vingtaine d’écluses par jour, on peut aisément calculer le temps gagné.
Il y avait aussi des problèmes de mouvements d’eau :
1. Quand on « montait » (dans ce cas, on venait de Castanet), la vidange du sas provoquait des remous sous forme de tourbillons qui rendaient l’entrée du bateau dans l’écluse difficile. L’éclusier(e) connaissait bien ce problème, alors il « tournait égal » : il commençait à « tourner les 2 vannes » du milieu, puis les 2 autres extérieures qui provoquent le plus de tourbillons.
Quand on pouvait, on envoyait « quelqu’un du bord » « donner la main » à l’éclusier, ça nous faisait gagner du temps et ça permettait de mieux « tourner égal », les vantelles étaient alors actionnées en même temps d’une façon symétrique.
2. Quand on descendait (de Montgiscard), le fait de remplir le sas faisait baisser le niveau d’eau du bief et pouvait nous faire « encaler » (échouer), d’autant plus que le bateau entraîné par le mouvement de l’eau était difficilement contrôlable. Le fait de battre en arrière, provoquait la mise en travers du bateau, les propulseurs d’étrave n’étaient pas encore inventés pour « le redresser »…
Une autre application des communications téléphoniques entre écluses, était pour nous importante, c’était « les annonces ».
En effet, les ponts et aqueducs et certains « contours » (courbes) ne tolèrent le passage que d’un seul bateau à la fois. L’éclusier en nous annonçant le nombre de bateaux que l’on rencontrerait dans le bief, nous permettait de redoubler d’attention à ces endroits cruciaux. La cerise sur le gâteau, c’était quand il nous donnait l’heure du départ de l’écluse suivante et le nom du bateau. En effet, si on nous disait par exemple que l’Aneto est parti de Montgiscard à 16h, on savait que c’était un pétrolier, qu’il était chargé, connaissait sa vitesse, qu’il mettrait 1h10 environ pour faire le bief et que l’on aurait des chances de le trouver « à tel endroit ». Plus qu’ « à terre », un barquier informé en vaut deux et même trois !!!
Enfin, certaines écluses étaient très isolées, le téléphone était le seul moyen d’appeler rapidement les secours, un médecin, etc.
Je laisse Jean-François illustrer les communications téléphoniques entre écluses par le téléphone de l’écluse de double de Laval, à environ 1,5km en aval de Gardouch. (Photo prise en mai 2016 à « Laval »).
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