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Je voudrais vous narrer des hivers que j’ai passés, durant mon enfance et mon adolescence à l’écluse de Vic. Cette période arrivant prochainement, ce serait pour vous apprêter à l’aborder en toute sérénité : qu’en pensez-vous ?
Oh ! Et puis non ! Vous êtes assez grands et forts (!) pour résister aux intempéries que l’on pourrait connaître durant cette saison, et d’ailleurs un hiver qui ne sera pas forcément plus à craindre que ça. Mais si je vous raconte un hiver, un seul hiver que j’ai vécu près de ce canal du Midi (parce que tous les hivers, ça serait un peu long, vous ne croyez pas ?), vous pourrez bien commenter cet article-là comme la plupart de vous l’ont fait pour ceux de Jean-François ou de Nicolas ou même de mes précédents ?
Alors voilà, cet hiver-là, certains d’entre vous l’ont probablement connu, soit ici, près de ce canal ou bien ailleurs, et pour ceux qui ne l’ont pas connu ou n’en ont jamais entendu parler, accrochez-vous, ça devrait être captivant, mais peut-être que je me trompe après tout !
Il s’agit de l’hiver de 1955-56, plus précisément du mois de février 1956 où l’on a pu voir le thermomètre s’affoler vers le bas de façon vertigineuse : si je me rappelle bien, il serait descendu jusqu’à moins 20° et il a bien été très froid pendant ce mois de février entier ; et alors côté canal c’était à ne pas naviguer pour quoi que ce soit, impossible même, vous vous en doutez. Toute la navigation était à l’arrêt : les bateaux disséminés un peu partout, soit aux abords des écluses ou bien aux ports des différentes destinations qu’ils avaient prises à ce moment-là.
A l’écluse de Vic, il y avait trois péniches d’accostées comme d’autres l’étaient ailleurs, de façon que les bateliers puissent effectuer leurs approvisionnements auprès des commerçants des villages ou des villes, ceci pour ceux qui avaient pu s’amarrer dès le début de ces grands froids à ces endroits (c’était le cas pour la plupart d’entre eux).
Avec le canal gelé dont l ‘épaisseur de la glace se situait aux environs des 15 et 20 centimètres selon les endroits, le froid s’était bien installé pour quelques semaines, et de ce fait, je voyais tout ça, moi, d’un œil assez satisfait dans la mesure où il y aurait de la visite à l’écluse pour un bon moment (on le saura plus tard). La présence, autour de l’écluse, des mariniers, m’avait, comment dire, rempli d’une certain contentement, faisant fi des conditions atmosphériques qui allaient tout de même provoquer des situations assez sérieuses au point de vue économique, sur la santé des gens fragiles, etc.
Edit de Jean-François, du 10 mai 2016
Je ne dispose pas de photos personnelles des hivers de mon enfance. En tout cas, ça ne se passait pas sur le Canal du Midi. Cependant, j’en ai trouvé une qui devrait faire plaisir à André. Il s’agit de deux joueurs de cartes, installés au beau milieu du Canal du Midi à Toulouse. Je pensais que la scène se situait au port de l’Embouchure, mais Marie-Pierre, une Toulousaine, m’a indiqué par un commentaire qu’il s’agit en fait de l’ancien port Saint-Étienne, qui a été complètement détruit lors de la construction des voies sur berges. En tout cas, c’était pendant l’hiver que nous raconte André, en Février 1956.
Seulement, moi, je ne voyais pas tout ça à ce moment-là, j’avais quatorze ans, j’étais quand même égoïste, je dois l’avouer ; dès que les bateliers ont pris la mesure de leur situation, ils se mirent à briser la glace plusieurs fois par jour (comme nous devions le faire auprès des portes de l’écluse) autour de leur bateau pour éviter qu’elle ne provoque, à force d’appuyer contre la coque, des voies d’eau. Ils allaient tant bien que mal (comme on disait ) se ravitailler à Castanet-Tolosan situé à 1 km6 du canal, où il y a tous les commerces, certains qui avaient un pied- à- terre à Toulouse à une dizaine de kilomètres, s’y sont rendus quand les conditions pouvaient le permettre par les transports en commun notamment. Et d’ailleurs, lorsque les bus ne circulaient pas, j’étais assez content de faire l’école buissonnière en quelque sorte, puisque habituellement j’allais à Toulouse au collège depuis deux ans, et les notes scolaires en ont pâti à cette période, ma mère n’avait pas vu ça d’un très bon œil : il était temps que ça cesse un jour.
Pendant tout ce temps, il arrivait fréquemment que les mariniers avec qui nous avions des relations amicales, venaient souvent le soir à l’écluse passer la veillée autour de la cheminée, ma mère avait fait des oreillettes, par exemple, un autre jour le millas, des crêpes, enfin des occupations bien agréables avec des parties de cartes, des discussions de choses et d’autres, des bateliers apportaient des gourmandises que nous les enfants, y compris ceux des bateaux, quand leurs parents étaient allés les chercher à Toulouse les jours qu’il faisait moins froid, apprécions, bien entendu.
C’est ainsi que le mois de février s’était passé, un peu endormi, faut bien le dire, par la force des événements et qu’ ensuite les bateaux ont redémarré, nous les enfants, reprenions nos chères études (moi à regret) et le temps s’écoulait à nouveau sereinement à l’écluse de Vic sur le canal du Midi.
Edit de Jean-François du 18Mai 2017
Selon Lougabier, il semble bien que la photo des joueurs de cartes ait été effectuée sur le port Saint-Sauveur. Il nous fournit ici des photos actuelles légendées. Cependant, il est vrai que le port Saint-Étienne était situé tout à côté, derrière le Pont Montaudran que vous voyez sur l’image ci-dessous. Vous pouvez comparer ce qui fut, et ce qui est désormais.
Sur cette dernière photo, toujours fournie par Lougabier, vous pouvez voir l’actuel emplacement du Pépino, le bar évoqué par Marie Pierre, bar dont visiblement, Lougabier a parfois été client… Vous vous imaginez bien que les choses ont changé.
N’oubliez pas de consulter les commentaires de Lougabier
Quelques téméraires, lors de cet hiver très rude, on tenté quelques « expériences » comme ces joueurs de cartes sur le Bassin de l’Embouchure ou ailleurs, à Tours, sur la Loire, comme cet automobiliste qui a traversé le fleuve a bord de sa 2 CV.
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