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Il s’agit ici du 4ème article qui évoque le Canal du Midi selon ce qu’a raconté la célèbre revue l’illustration en juillet et août 1847. Les commentaires sont de couleur bleue. Cet article est illustré par quelques cartes postales anciennes. L’article évoque la Rigole de la Montagne, depuis le Bassin de Lampy jusqu’à la percée des Cammazes ou voûte de Vauban.
3 articles ont déjà été écrits sur ce thème :
Notez que le premier article qui concerne la conception du Canal du Midi a eu énormément de succès, le suivant, un peu moins, et je pense que c’est dommage. Pour l’instant, dégustez donc l’article qui vous est présenté…
Après un développement de 13,721 mètres, le chemin de la rigole vous conduit au bassin de Lampy. Ce réservoir fut construit dans le but d’alimenter le canal de Narbonne, qui n’est qu’un embranchement du canal du Midi. Il avait été projeté, dans le principe, pour subvenir aux besoins du grand canal ; mais l’emplacement de Saint-Ferréol fut préféré, et le bassin construit dans ce dernier endroit fut, ainsi qu’on le verra tout à l’heure, jugé suffisant. Le bassin de Lampy est à celui de Saint-Ferréol dans le rapport de un à trois.
Une allée parfaitement sablée même à la maison du garde. De la terrasse qui précède celle-ci, la vue embrasse la belle nappe du réservoir et ses rives couvertes d’ombrages frais. Au premier coup d’œil, on reconnaît que le problème à résoudre était de retenir les eaux dans cette partie du vallon, et de les diriger ensuite vers la rigole. La solution fut simple et décisive : on établit, en l’appuyant sur les rochers qui resserrent le vallon, une digue de barrage longue de 116 mètres 904 millimètres à son couronnement, et de 68 mètres 194 millimètres à sa base. On donna à cet ouvrage 16 mètres 236 millimètres de hauteur, et l’on contint son parement extérieur par des contre-forts en maçonnerie.
La Digue du Bassin du Lampy
La manœuvre des eaux fut rendue facile par les dispositions suivantes : on divisa la hauteur de 16 mètres 236 millimètres en quatre parties de 4 mètres 221 millimètres chacune. A ces intervalles on pratiqua des voûtes de 974 millimètres de hauteur sur une largeur égale, disposées en sautoir les unes au-dessus des autres. Ces pertuis furent fermés avec des vannes. Puis on divisa le parement intérieur de la chaussée en retraite de 1 mètre 298 millimètres de largeur, contenant des escaliers par lesquels on pût descendre jusqu’aux vannes pour les lever plus aisément. On pratiqua quatre retraites semblables, et comme le talus du parement intérieur est de 27 millimètres pour 324 millimètres (1 pouce pour pied), l’épaisseur de la chaussée à son sommet se trouva réduite à 5 mètres295 millimètres. Cette chaussée contient, en somme, 11,834 mètres 560 millimètres cubes de maçonnerie.
Ce barrage est remarquable par la hardiesse et la beauté de la construction. Il laisse peut-être à désirer sous le rapport de la solidité. Pour empêcher les infiltrations à travers la maçonnerie, il aurait fallu faire un terrassement en terre glaise entre les deux murs, tandis qu’on s’est borné à la maçonnerie de moellon à bain de mortier . On s’aperçut, mais trop tard, de cette faute, et on chercha à la réparer. Voici par quel moyen ingénieux on espéra pourvoir : partant de cette donnée, que l’eau dépose à la rencontre de tout obstacle, on jeta devant le parement une grande quantité de chaux éteinte. Cette chaux, délayée par l’eau du réservoir fût entraînée, déposée dans les interstices de la maçonnerie, et lentement conduite jusqu’à la surface du parement extérieur ; là, s’emparant du gaz acide carbonique répandu dans l’atmosphère, elle forma une couche de pierre calcaire revivifiée. Le mur extérieur se trouva ainsi tapissé d’une matière parfaitement blanche, qui, de loin, à travers le feuillage des arbres plantés dans la partie libre du vallon, produisait un effet original. On renouvela plusieurs fois l’opération, et, les interstices étant bouchés, les infiltrations cessèrent. Cependant, en considérant l’état actuel de ce parement extérieur, on reconnaît facilement que l’infiltration a recommencé ; le revêtement de chaux est effacé en beaucoup d’endroits, et le mur, sans être dégradé, annonce un désordre intérieur qui pourra, nous le craignons, amener de fâcheuses conséquences. On doute, d’ailleurs, aujourd’hui que la couche blanche dont le mur extérieur est revêtu soit produite par l’introduction de la chaux à travers les interstices des pierres. On croit plutôt qu’elle est le résultat d’une exsudation de la partie calcaire du mortier employé en très-grande quantité dans la maçonnerie. Ce qui donne à cette opinion un certain degré de probabilité, c’est qu’on a constaté que dans quelques parties de l’édifice le mortier primitif ne se compose plus que de sable, et a perdu sa partie calcaire. Malgré cette dégradation, les réparations faites de temps en temps à cette digue, ont, jusqu’à ce moment, suffi au maintien du mur.
La digue du bassin du Lampy, avec quelques pêcheurs et badauds
Le bassin de Lampy contient 3,698,290 mètres cube d’eau. Il est alimenté par la rivière de Lampy et le ruisseau nommé Lampillon. On le vide en une dizaine de jours. Mais il paraît qu’on n’a pas souvent besoin des eaux de ce réservoir, car on ne le met que rarement à sec. Durant l’hiver de 1845 à 1846, il a été vidé ; ce qui n’avait pas eu lieu depuis trois ans.
Les eaux du bassin sont d’une pureté et d’une transparence admirables. Leur température, en été, n’est pas aussi froide qu’on le croirait en considérant la proximité des sources d’eau de roche qui alimentent ce vaste magasin. Nous nous y sommes baigné après plusieurs jours de pluie, et en avons trouvé l’eau tout aussi agréable, et infiniment plus limpide que celle de la Seine. Quinze mètres sont le maximum de la profondeur.
Les rives du réservoir se découpent en petites anses parfaitement ombragées. Elles sont couvertes de bouquets de chêne et d’ormeaux, à travers lesquels ondulent des allées habilement dessinées pour le coup d’œil. L’ensemble est infiniment gracieux et rappelle les plus jolis lacs de l’Italie. Mais les environs sont d’une tristesse horrible ; c’est un vrai désert, une thébaïde Monotone et désolante. Partout la montagne montre ses épaules nues, décharnées et tachées de roches noirâtres. Ça et là seulement, quelques touffes de fougère et de bruyère attestent par leur présence que toute végétation n’est pas interdite à ces sauvages retraites.
A 907 mètres au-dessous est situé le vieux Lampy, bassin de passage, qui reçoit les eaux du Lampy Neuf, lesquelles se joignent ici à celles de la rigole d’Alzau, dont nous avons parlé. Le bassin du vieux Lampy est en grande partie, comblé par les atterrissements et l’accumulation des plantes aquatiques. Mais on le laisse dans cet état, parce qu’il suffit à sa destination, qui est de conduire et de régler les eaux du réservoir voisin dans leur distribution au travers de la rigole.
Ne quittons pas Lampy sans dire que le plan de ce beau bassin est dû à l’ingénieur en chef Garipuy, homme d’un rare mérite, et que Toulouse est fière d’avoir vu naître dans ses murs.
Vous le retrouverez également dans ce même blog sur ces pages :
La rigole, après avoir touché au vieux Lampy, reprend sa course, toujours tortueuse, toujours ombragée, mais désormais privée de la sombre verdure de la forêt. On ne saurait imaginer rien de plus agréable qu’une promenade par ce chemin. Il semble qu’on suive une longue allée dans un parc royal. Sur toute autre route, on s’ennuierait singulièrement de ces mille détours, de ces zig-zags sans nombre ; mais ici, sur cette voie plane et régulière, à côté de cette eau murmurante, sous cette voûte de feuillage, qui arrête les rayons brûlants du soleil méridional, il est impossible d’éprouver d’autre sentiment que celui d’un plaisir intime joint à une vive admiration.
La Rigole de la Montagne, au niveau de l’épanchoir du Conquet
Arrivée à l’épanchoir du Conquet, où elle se précipite dans le Sor, l’eau de la rigole entre dans un canal récemment maçonné, pavé en briques, et revêtu de béton. Ces travaux ont été nécessités par la nature du terrain que parcourt la rigole dans cet espace. Au Plot de la Jasse, le chemin cesse pour se confondre avec la grande route de Toulouse à Carcassonne. Le canal de dérivation se dirige alors vers la montagne des Campmazes. Là il a fallu faire une tranchée et un tunnel. Le total de la percée est de 233 mètres 760 millimètres, dont une partie à ciel ouvert ; le tunnel a 122 mètres 70 centimètres de long sur 2 mètres 922 millimètres de diamètre. Après avoir coulé sous cette voûte, œuvre de Vauban, l’eau de la rigole tombe, à la distance de quelques pas, dans le lit du Laudot, en formant une cascade de 8 mètres 118 millimètres. De là, elle suit le fond du vallon jusqu’au bassin de Saint-Ferréol, qui n’est qu’à six kilomètres du hameau des Campmazes.
La Rigole de la Montagne au niveau du Plô de la Jasse
Rigole de la Montagne en aval de la voûte de Vauban ou percée des Cammazes
NB : La photo ci-dessus n’est plus tellement d’actualité. En effet, aujourd’hui, de part et d’autre, existent des lotissements (terminées les prairies que vous voyez). Heureusement, de très grands arbres nous les cachent, mais ces arbres commencent à se faire vieux !
En résumant les différentes distances que nous venons de franchir, on trouve, pour la longueur totale de la rigole de la montagne, depuis la prise d’eau d’Alzau jusqu’au réservoir de Saint-Ferréol, 31 641 mètres (près de 8 lieues). Si l’on considère, d’une part, ce grand développement ; d’une autre, la nature de la contrée montagneuse qu’il fallait traverser, on se fera une idée des difficultés qu’à dû vaincre l’auteur du Canal du Midi pour mener à bonne fin ce merveilleux ouvrage.
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